le départ

Réussir le départ, je veux parler du grand départ, n’est-ce pas rédiger une page de « Réussir sa vie « ? Pourquoi veut-on oublier que la mort fait partie de la vie ? Est-ce la peur ?....Puisqu’elle est inéluctable, pourquoi ne pas l’apprivoiser, et faire en sorte qu’elle ne soit  pas triste ?

Anne est jeune. Le cancer l’accable, se multipliant à plusieurs reprises, bouffant ses forces malgré les efforts de chimiothérapies différentes. Entre deux traitements, fièrement, elle aspire un grand morceau de vie pour tenter d’exister normalement. Récemment elle m’a fait le cadeau de sa visite, c’était un bonheur de bavarder ensemble comme nous l’avons fait de temps en temps.

Son visage amaigri lui va bien. Elle est encore plus jolie. Pour la première fois, elle m’a confié son tourment du départ.

J’entends bien que cette sournoise maladie lui laisse encore de longues années, j’ai trouvé cependant  normal que nous partagions ce souci.

Anne est née au Canada où elle a encore quelques parents. Avec ceux-ci pas de réelles affinités, l’important c’est Papa et Maman, enterrés là-bas. Elle se demande s’il serait juste de penser à préparer son retour au Pays………….

Je me suis permise de lui faire entrevoir les difficultés de cet éventuel choix, quitter ses amis, ses docteurs, les lieux, le climat, même ses habitudes ; Etre seule, fatiguée pour envisager un tel déménagement, c’est comme vouloir gravir une énorme montagne sans être préparé à ce sport !

Et si son but n’était qu’un leurre ?

 

Nous nous entendons très bien même si nos points de vues divergent sur les soins à apporter au cancer. Plusieurs fois, de façon intentionnelle je lui ai montré mes bouquins : sans succès. J’ai respecté ses choix.

Pourtant aujourd’hui, je ressens comme un devoir de lui parler de mes convictions. Pour les croyants ou les non croyants, peu importe, c’est juste une question de réalité :

Notre enveloppe charnelle n’a aucun intérêt et meurt, l’esprit, lui est éternel.

La communion, la communication avec Maman peut déjà se faire ici-bas, en pensant très fort à Elle. Nul besoin de courir 5000 kms !

Je lui suggère : Installe-toi dans un  endroit calme que tu aimes particulièrement, chez toi, au bord de la mer,où tu veux. Fais quelques bonnes et profondes respirations. Puis, Médite, fais le vide dans ta tête, reste aussi longtemps que tu te sentiras bien…..et pose la question à ta Maman.

Tu verras comme tout deviendra simple.

Nanna